À Oslo, l’ISC de Madagascar renforce son plan d’actions avec le soutien de ses pairs
Les membres de la direction de la Cour des comptes de Madagascar se sont réunis du 2 au 14 septembre 2024 à Oslo, où se situe le siège de l’Initiative de Développement de l’Intosai (IDI), pour faire le point sur les progrès réalisés jusqu’ici dans le cadre de TANTANA.
Ce projet de renforcement de compétences, lancé en 2020, est financé par l’USAID et mis en œuvre par l’IDI en collaboration avec la Cour des comptes de France, celle du Royaume du Maroc, ainsi que le Bureau de l’Auditeur général de Norvège.
Au terme de ce séminaire, piloté par Eduardo Ruiz, responsable senior au département gouvernance des ISC de l’IDI, et Vincent Frigon, conseiller à long terme à la Cour des comptes de Madagascar, et animé par des pairs des ISC de la France, du Maroc, du Portugal et de la Norvège, les participants ont identifié des actions concrètes qui permettront à terme d’accélérer et de compléter le processus de transformation de la Cour.
La délégation de la Cour des comptes de Madagascar et les équipes de l’IDI. Au centre, au premier plan et de gauche à droite : Ola Hoem, directeur général adjoint de l’IDI, Olivier Herison, Commissaire général du Trésor public, Einar Gørrissen, directeur général de l’IDI, et Jean de Dieu Rakotondramihamina, président de la Cour des Comptes.
Les discussions ont d’abord permis de prendre la pleine mesure des changements qui ont été opérés depuis le début du projet, et qui touchent aux trois piliers du plan stratégique de TANTANA :
- promouvoir l’intégrité, la redevabilité et la transparence des organismes publics en corrélation avec les priorités de l’État;
- mener des actions plus crédibles, visibles et accessibles au grand public;
- promouvoir une culture de la transparence et de la performance afin de devenir une institution modèle.
Intervention de Freddy Ndjemba, chef de projet senior au département gouvernance des ISC de l’IDI.
Par exemple, pour son contrôle juridictionnel, la Cour est parvenue à réduire de plus de la moitié l’arriéré des comptes qui n’avaient pas encore été examinés et une action est en cours pour améliorer les méthodes d’archivage et rénover la salle d’archives, en partie effondrée sous le poids des documents entreposés. Les auditeurs malgaches ont suivi des formations méthodologiques pour réaliser des audits de haute qualité et ils ont participé à des ateliers pour améliorer l’impact et la visibilité de leurs rapports auprès du public et des médias.
En matière de communication, il a été insisté sur le principe fondateur de l’indépendance des ISC, dont en découlent huit autres, formalisés à Mexico en 2007, dont le cinquième établissant « le droit et l’obligation de rendre compte de leur travail », ainsi que le sixième énonçant « la liberté de décider du contenu et de la date de leurs rapports de contrôle, de les publier et de les diffuser ». C’est ce qui peut se résumer sous l’appellation de liberté éditoriale d’une ISC.
Intervention de Denis Gettliffe, expert en communication des ISC, Cour des comptes de France.
Depuis le lancement du projet TANTANA, les progrès réalisés par la Cour des comptes de Madagascar ont été obtenus avec le soutien de ses pairs, dont certains étaient d’ailleurs présents à Oslo : Vitor Manuel da Silva Caldeira, pour la Cour des comptes du Portugal, Mohamed Naciri, pour la Cour des comptes du Maroc, Patrick Bonnaud et Denis Gettliffe, pour la Cour des comptes de France, ainsi que Annicken Tvenge, Jorild Skrefsrud, Kristine Rødstøl Henden, Ingvald Heidal et Berthe Blakstvedt, pour le Bureau du vérificateur général de la Norvège.
De gauche à droite : Tafita Razafimanantsoa, ISC Madagascar, Patrick Bonnaud, ISC France, Mohamed Naciri, ISC Maroc, Denis Gettliffe, ISC France, Soahary Rakotoarisoa et Lalaina Bertille Ranaivosoa, ISC Madagascar.
Leurs réflexions ont permis d’évaluer les pistes d’intervention et la mise en œuvre des stratégies devant permettre à la Cour d’atteindre son objectif d’être une ISC indépendante, visible, crédible et utile aux citoyens. Les défis sont encore nombreux, entre autres pour favoriser l’exercice de la fonction juridictionnelle et pour améliorer la communication avec les médias et les parties prenantes.
Plusieurs participants ont souligné l’importance de la chaîne de solidarité qui anime les pairs entre eux, notamment au sein de la francophonie et de la communauté des membres de l’Aisccuf, et qui a permis à plusieurs ISC de progresser jusqu’au point de transmettre, à leur tour, l’expertise et les connaissances acquises. Ainsi, la Cour des comptes du Maroc, qui a bénéficié d’un jumelage avec la Cour des comptes de France de 2017 à 2019, est elle-même sollicitée de nos jours pour partager son expérience et son expertise avec d’autres ISC francophones, dont la Cour des comptes de Madagascar.
Avec son plan d’actions élaboré à Oslo, la Cour des comptes de Madagascar peut désormais envisager avec confiance un avenir proche où elle sera en mesure d’exercer le plus pleinement et le plus efficacement possible ses compétences.